On découvre l’Orient

Publié le 28/11/2023 à 12:07

Lors du passage de frontière Arménie-Iran, il « suffit » de traverser le pont pour se trouver dans l’autre pays !!! Enfin presque !

Nous laissons le véhicule sur le bord de la route et nous dirigeons vers les premiers douaniers, qui contrôlent les passeports séparément. Une femme pour une femme, un homme pour le reste de la famille… C’est le début d’un changement pour nous dans le comportement que nous connaissons dans les relations homme-femme. On le savait, maintenant, on le vit.

J’en profite pour demander à la douanière si Aélys doit respecter les mêmes règles que moi. Non, me répond-elle, pour les filles jusqu’à l’adolescence, pas de problème. Bon, je sais quand même que l’on évitera les shorts, et les croc tops !!! De toute façon, pas de jaloux, les garçons doivent porter des pantalons eux aussi.

Le passage administratif se passe sans encombre, contrôle multiple des passeports, enregistrement du CPD, le plus long sera de faire une photocopie du CDP que les douaniers garderont ! Et finalement, en une heure et demi, nous sommes en Iran. Quelques appréhensions viennent de s’envoler, car les Iraniens sont absolument charmants ici.

On décide de rouler jusqu’à Tabriz, première grande ville où l’on pourra prendre une assurance pour le véhicule, prendre une carte SIM, et faire du change.

Aucune carte bancaire VISA ou MASTERCARD n’étant accepté, on se retrouvera avec des millions de Rial, dans les poches !

L’arrivée au free camping, bien connu des voyageurs, se fait sans encombre après avoir fait du change chez les bijoutiers du bazar. Le taux à ce moment-là était de 1 euro, pour 52000 tomans, ou 520 000 Rial.

Et là, première adaptation, la monnaie officielle est le Rial, mais tout le monde parle en Tomans, et comme ça fait beaucoup de zéro, souvent ils enlèvent les 3 derniers. Quelques nœuds au cerveau pendant quelques jours avant de s’habituer, mais on y arrive tous. Il faut par contre bien prendre le temps de se mettre d’accord avant la transaction pour savoir si le montant est bien en Rial, car on peut avoir de belles surprises.

Deuxième adaptation, l’écriture : le Persan est très joli à regarder, mais n’a rien à voir avec notre alphabet, c’est donc impossible de faire des translations correctes, même avec un traducteur, il faut s’habituer à l’approximation ! Notez bien, que lors d’une commande au resto, on peut vite se retrouver avec quelque chose auquel on ne s’attendait pas du tout !

Et puis, on se rend compte que le port du voile est plus aléatoire que prévu, s’il tombe sur les épaules, ce n’est pas si grave que cela.

De manière générale, il y a tout ce que l’on nous a dit sur l’Iran, et puis, ce qui s’y passe vraiment, et le fossé est énorme. Il faut pouvoir passer au-delà de nos a priori pour appréhender ce merveilleux pays.

D’ailleurs, dès Tabriz, on accueille avec surprise et contentement la gentillesse et le côté très avenant des Iraniens. On nous demande régulièrement si on a besoin d’aide, on nous aide à traduire, on nous accompagne faire des courses, on nous donne leur numéro de téléphone à contacter si on a le moins problème. Cet accueil nous réchauffe le cœur, et nous enlève les dernières craintes que nous avions.

Les températures se rafraichissent, car nous sommes dans le nord et à l’automne, finalement, le climat est proche de celui que l’on peut avoir. Et après 4 jours, il est temps de penser à bouger. Pourtant, on rencontre sur ce parking une autre famille française, qui nous donnera envie de rester, forcément, on partage sur notre voyage, notre direction, le pourquoi du voyage, les expériences que l’on a vécues, le travail à faire ou en cours, bref, des discussions de voyageurs classiques !!! On rencontrera aussi un jeune couple d’allemands, un français tout seul et puis encore un autre couple d’allemands !!! Quel lieu de rencontres !

Ce sont ces rencontres qui nous inciteront à aller visiter Kandovan, un village troglodyte, oui mais pas n’importe lequel, un village encore habité. Et c’est parti pour la montagne.

Mais avant, il faut faire le plein d’essence et ça, c’est pas une mince affaire car nous sommes au gasoil et ici, ils n’ont que des voitures à essence, le gasoil étant réservé aux camions. Ces derniers paient avec une carte professionnelle. Nous sommes donc dépendant soit des chauffeurs de camions, soit des gérants de station qui ont des cartes…

Et c’est toute une histoire. Heureusement pour nous, nous avons une voiture, car les voyageurs en camions doivent attendre beaucoup plus que nous et quémander plus souvent. Là, on nous a donné une adresse d’un gentil gérant qui nous donne du gasoil à un prix raisonnable, car l’autre sport national des chauffeurs, c’est d’essayer de faire payer le carburant au prix fort.

L’essence ne vaut vraiment pas grand-chose ici, on est, au moment où j’écris à 300 tomans le litre, soit environ 0,006 euro le litre, c’est dire !

On prendra le pli de ne demander que la moitié du plein pour ne pas que cela fasse trop pour les chauffeurs sur leur carte et bien souvent ils nous l’offriront finalement.

Allez hop, une heure trente de route plus tard, village perché de Kandovan. On le traverse juste pour aller se poser pour dormir. Après plusieurs essais, on demande à un apiculteur si on peut s’intaller sur son terrain, au pied des montagnes. On aura froid, mais ce sera l’unique point négatif. Le lieu est magique, calme, et réveil au son des chèvres, nous on adore ! Les enfants monteront à tour de rôle sur le dos de l’âne qui accompagne le berger. Et on achète du miel direct au producteur qui découpe du cadre les rayons de miel ! Miam !

On ressort tout de même l’isolation de la tente, on dort tout habillés avec les chaussettes et tout et tout !!! On profite du grand air des montagnes, on est à 2000M d’altitude, les couleurs du coucher de soleil sont incroyables.

Puis on redescend de notre perchoir, pour aller visiter le village. Effectivement troglodyte, et habité, ce village commence à se transformer en village commercial, mais bon, on en est pas encore au stade de la Cappadoce en Turquie, c’est juste le début. C’est vrai que c’est incroyable de voir ces constructions dans la roche, et aussi d’imaginer l’isolation que cela représente en hiver comme en été ! On zigzague dans les petites ruelles, on grimpe parfois des escaliers bien raides et on observe toutes ces nouvelles coutumes pour nous en tous cas.

Vraiment typique, on aime beaucoup.

Puis le temps venu de finir cette visite et de reprendre la route en direction de Téhéran, mais en prenant les chemins de traverses. Les kilomètres sont nombreux avant d’atteindre Téhéran, et ne peuvent être faits en une seule fois. En temps normal, on se seraient arrêté au bout de 2h de route, cependant, l’air frais de l’automne nous incite à descendre un peu plus.

Sur le bord de cette route de campagne, on marque un arrêt nocturne au bord d’une rivière.

Le lendemain, on découvre le paysage au son des chèvres qui nous servent de réveil matinal !!! L’endroit finalement nous convient super bien et on profite pour marcher le long de la rivière et explorer ce nouveau terrain de jeu. C’est toujours un véritable bonheur de prendre le temps de s’imprégner de chaque endroit dans lesquels on bivouaque ! On reprend quelques degrés à l’extérieur, du moins en journée, car les nuits sont fraîches : on a toujours préféré les nuits plus fraîches, (enfin jusqu’à un certain point !!!! ????)

Quelques jours plus tard, la descente se poursuit et on stoppe après une journée entière dans le van roulant, derrière une ancienne carrière, près de gros jolis arbres. Le vent nous fait craindre de devoir repartir dès le lendemain matin, mais finalement, le vent tombe, ç’est bon pour le moral et en plus, quelques soucis sur le van nous imposent une vérification : les nouvelles ne sont pas exceptionnelles mais, cela fait aussi parti du voyage. Notre maison roulante est vivante, elle aussi, au rythme de notre quotidien, et le faible espace de vie intérieur la sollicite énormément. Alors forcément, elle nous demande de prendre soin d’elle aussi ! On s’y plie de bonnes grâces.

Dernière étape avant Téhéran, un spot d’une nuit, sur un parking d’une petite ville au bord de l’autoroute. La gentillesse des iraniens nous touche, car un homme avec ces enfants, vient nous apporter du thé et nous propose de venir dormir chez lui. La nuit d’avant, c’était du raisin, qui nous était offert. Nous sommes extrêmement reconnaissants envers les iraniens de nous avoir permis de voir les choses autrement, différemment de ce qui nous a toujours été transmis, et heureux de pouvoir vivre cette expérience par nous-même !!! On partira tôt le lendemain pour aller à Téhéran, dans un petit hôtel très cosy…